Conséquences géographiques du séisme

 

Un remodelage des cartes géographiques en Asie, suite au séisme du 26 décembre 2004

La carte de l'Asie remodelée par le séisme, les mouvements de la lithosphère, ceux-ci, même pour un très grand séisme comme celui-ci, sont faibles à l'échelle de la terre (20 mètres de déplacement au maximum sur des régions qui font des milliers de kilomètres). De tels mouvements sont néanmoins parfaitement détectables avec les techniques de géodésie (notamment satellitaire) et d'imagerie spatiale.

Mais si on parle des effets de surface, ceux-ci peuvent être très importants puisque pour des zones aux reliefs faibles un mouvement vertical de quelques mètres suffit pour provoquer l'émersion ou l'immersion de vastes zones. Il est donc vraisemblable que les tracés des côtes et la configuration des plaines littorales changent notablement.

Dans les régions de collines et de montagnes, d'importants glissements de terrain peuvent aussi se produire et profondément modifier la configuration locale. Enfin, le réseau hydrographique peut lui aussi être profondément affecté (apparition de lacs, etc.). Tout est affaire d'échelle : une carte géographique couvrant plusieurs pays change peu ou pas. Mais une carte routière (du type des cartes Michelin au 1/200 000) peut montrer des changement importants.

Des précédents historiques de tel remodelage par séisme.

Lorsque le séisme affecte une faille dont la trace de surface est à terre, ceci conduit à des modifications sérieuses de l'altimétrie locale, ce qui peut se traduire par des déviations de fleuves, des créations de nouveaux lacs,... Par exemple sur Sumatra, la grande faille qui traverse l'île dans toute sa longueur, parallèle à celle qui vient de fonctionner, coupe la caldera du lac Toba, et on voit clairement le décrochement qui traverse ce grand lac, décrochement qui a été créé sans doute par plusieurs séismes de très grande ampleur.

Oscillation de l'axe terrestre

Le séisme de magnitude 9 degrés sur l'échelle ouverte de Richter, dont l'épicentre était situé à 250 kilomètres au nord-ouest de Sumatra, pourrait avoir déplacé les plus petites îles de la région de quelque 20 mètres, selon Ken Hudnut, de l'Institut géologique américain (US Geological Survey). « Le tremblement de terre a changé la carte, a-t-il déclaré. En se basant sur des modèles sismiques, on peut dire que certaines des plus petites îles au sud-ouest des côtes de Sumatra peuvent avoir avancé de 20 mètres vers le sud-ouest. Ce qui est un glissement important. » La pointe nord-ouest du territoire indonésien de Sumatra pourrait également avoir glissé vers le sud-ouest d'environ 36 mètres.

Stuart Sipkin, chercheur au centre d'information national sur les séismes de l'USGS, basé à Goulden (Colorado), a pour sa part estimé que les îles au large de Sumatra s'étaient déplacées, mais de façon verticale, émergeant un peu plus de la mer, plutôt que latéralement. Motif : « la plaque indienne a plongé sous la plaque birmane ».

La Terre a vacillé

Ken Hudnut avance par ailleurs que l'énergie dégagée par la rencontre des deux plaques qui a provoqué le séisme a également pu faire vaciller la Terre sur son axe. « Nous pouvons détecter les mouvements très légers de la Terre et je pense qu'elle a vacillé dans son orbite lorsque le tremblement de terre a eu lieu en raison de la quantité massive d'énergie dégagée », selon le spécialiste.

Impact de ce séisme sur les écosystèmes des zones sinistrées

Il peut être très important, en particulier sur les maladies tropicales, lorsqu'un parasite a un cycle de reproduction largement lié aux eaux stagnantes (malaria par exemple). On peut anticiper la création subite de très nombreuses petites étendues d'eau (terrains dont le drainage a été complètement perturbé), base de nouvelles proliférations de parasites. Et par ailleurs, sur certaines îles basses, il est probable que le tsunami a du faire disparaître une grande quantité d'animaux. Mais avant de se lamenter sur eux, bien évidemment, on se lamentera d'abord sur les personnes qui ont été exterminées...

Des séismes encore plus dévastateurs à l'avenir ?

Ils sont possibles, sans qu'ils soient plus puissants (le séisme de Sumatra est un des plus importants jamais enregistrés), mais qu'ils se passent sous des zones à terre et très habitées. Par ailleurs, ici le tsunami n'a été dévastateur que dans un angle assez réduit, malheureusement très peuplé, mais on peut sans difficultés imaginer des cas encore bien pires... Il n'y a aucune tendance particulière en la matière, si ce n'est le fait que les populations ne cessent d'augmenter et d'habiter le long des côtes, ce qui rend un même séisme et surtout un même tsunami de plus en plus meurtrier : la seule démarche intelligente à notre portée pour le moment, c'est d'éduquer un tant soit peu les populations exposées. Parmi les victimes de cette horrible catastrophe, plus de 95% auraient pu n'être pas même blessées si les réseaux d'information pertinents avaient fonctionné...