| La  planche  3  montre un bloc détaché de l’affleurement de migmatite,  dont on a scié et poli une face dans la direction perpendiculaire au plan axial  des plis (lumière naturelle en réflexion). Le détachement est rendu possible  par le litage de la roche suivant des surfaces courbes particulières,  comme on va voir plus loin.La roche  apparaît rubanée, et plissée, avec alternance très nette de lits clairs et  foncés, respectivement :
 - d’une phase quartzo-plagioclasique, en lits très  clairs, épais jusqu’à 1 cm,  à grains plurimillimètriques. C’est la phase fondue, mobilisée et  recristallisée ;
 -  d’une roche gneissique à grain plus fin, également disposée en lits  d’épaisseur variant entre le millimètre et le centimètre. Les limites entre les  deux fractions sont soulignée par des liserés de biotite continus. C’est le  résidu solide (on parle de restite), constitué de matériaux  réfractaires.
   Planche 3. Migmatite prélevée sur l’affleurement du pont de Vigeois, scié et poli sur  une face perpendiculaire au plan axial des plis.
   La surface extérieure, brillante, est celle  résultant d’un « litage » de la roche, suivant les surfaces séparant  les lits. Ces surfaces qui apparaissent au litage sont chemisées par des  feuillets de muscovite, disposés dans les plans de litage. Examinons maintenant  de plus près la surface polie de la tranche : planche 4 et dessin associé. L’ensemble des caractères est démonstratif de  la forte mobilisation de matériau leucocrate qui vient épaissir les  charnières des plis, alors que les flancs de ces derniers sont étirés par les  forces de cisaillement à l’œuvre. Mais ces plis ont un aspect bien différent  des plis qui accompagnent la   foliation S1 et les déformations d’un gneiss : les  charnières sont larges, épaisses et arrondies. A l’intérieur de ces charnières,  il peut y avoir absence complète de minéraux transposés, c'est-à-dire  orientés suivant le plan axial du pli P2 contemporain de l’anatexie.Cet échantillon  montre l’évolution déjà bien engagée de l’anatexie, c'est-à-dire de la  fusion qui commence à opérer sur les gneiss à grande échelle dans la région. planche 4. coupe polie de l’échantillon de la planche  3 et dessin interprétatif, ci-dessous

   La roche gneissique à grain fin représente la  roche mère : c’est le  paléosome. Elle est de couleur bleutée  au cœur des lits les plus épais de restite : on identifiera en lame  mince  la présence de quantité importante  de disthène.Elle alterne avec les  lits clairs à grain grossier, d’apparence granitique et même pegmatitique, qui  constituent le nésosome. Le matériau du nésosome a été extrait  goutte à goutte du gneiss et les gouttes se sont mobilisées et agglomérées par  capillarité jusqu’à constituer une phase homogène, dont la composition est  celle d’un mélange magmatique de point de fusion minimum, à savoir un granite.  (Voir le dessin schématique d’interprétation de la planche 4).
 La roche est devenue plastique et s’est  déformée et plissée quasi librement sous l’influence des moindres contraintes  de pression et de cisaillement.
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