| L’interprétation se fait plus  aisément sur la lame mince taillée sur le même échantillon d’éclogite :  planches 12 et 13. On observe plus nettement l’étroite couronne  verte de symplectite qui ceinture tous  les pyropes ; certains présentent de petits golfes de corrosion. La  trame de la matrice est si fine qu’elle n’est pas résolue : il s’agit  d’une kéliphite, qui résulte de la recristallisation de l’omphacite rendue instable, et qui a disparu. C'est une association digitée complexe des  produits de recristallisation, qui sont l’amphibole verte et le plagioclase  acide. Elle est organisée en cellules globuleuses ou allongées, de largeur de  l’ordre de 0,1mm, disposées parallèlement les unes aux autres pour former un  rubanement orienté dans la même direction. Quelques–uns des minéraux primaires  ( disthène, zoïsite )de l’éclogite subsistent à l’état de reliques et sont  finement ceinturés d’un liseré de kéliphite plus sombre ; ces  reliques sont très allongées dans le sens du rubanement.La matrice de kéliphite est ponctuée d’innombrables amphiboles brunes en  prismes courts, qui parfois s’alignent suivant les lignes de flux du  rubanement.

  Planches 12 et 13: Lames minces taillées sur des  éclogites en début de rétromorphose.
 Lumière naturelle
Sur le terrain, on observe toute la gamme des  transformations de l’éclogite primitive, d’abord par kéliphitisation puis amphibolisation de plus en plus poussée. La planche 14 est prise sur une lame mince taillée dans une éclogite ou l’amphibolitisation a commencé à la périphérie de la couronne symplectique. Cette dernière  est bien développée et l’interdigitisation des microcristaux  concentriques de plagioclase avec ceux d’amphibole est visible et  renforcée sur les dessins d’interprétation associés : planches 15 et 16.
        
          |  | Planche 14              Les pyropes sont entourés de deux couronnes, la première étant  un symplectite, la seconde de grandes amphiboles vert sombre,  entraînées dans le rubanement.L’omphacite est déstabilisée en kéliphite composée de très fins cristaux  de diopside et de plagioclase entremêlés. Lumière naturelle |  
        
          | Planches 15  et 16: dessins d’interprétation de la photo de la planche 14. Les traits rouges soulignent les contours géométriques du pyrope primitif, avant  rétromorphose. |  |  
 Le stade ultime d’amphibolitisation est observé dans un autre corps de métaéclogite : le Puy d’Arial,  dans le forêt de Blanchefort : planche 8. Avec le développement de  l’amphibole verte, la métaéclogite devient sombre. Les grenats  deviennent de plus en plus petits et une couronne plagioclasique blanche ( andésine ) apparaît, qui finit par les envahir complètement : planche 17. Le diopside disparaît complètement au profit de la hornblende. La texture devient  granulaire, mais en même temps, la schistosité se développe, comme on peut  l’observer sur la photo 19, faite sur la surface polie d’un échantillon du Puy  d’Arial, dessiné planche 18. Il s’agit d’une amphibolite, quasi banale,  à nodules plagioclasiques de grande taille, qui retiennent encore la  forme géométrique de gros grenats complètement transformés. Le cœur des nodules  est occupé par un granule relique d’un minéral à fort relief non identifié,  avec une zone concentrique formée d’une mosaïque équante de grains polygonaux  de plagioclase. Planches 20 à 23. Planche 17: éclogite amphibolitisée, de Puy d’Arial, à  texture finement granulaire.
        
          |  | Planche 18:Schistosité sur un bloc  de métaéclogite amphibolitisée, à nodules plagioclasiques.
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          | Planche 19: face polie parallèle au plan de  schistosité de l’amphibolite à nodules plagioclasiques. |  |  
        
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 |    Planches 20 à  23 Métaéclogite  du Puy d’Arial, complètement transformée en amphibolite à nodules  plagioclasiques. Texture granoblastique de recuit. |  
 
        
          |  | Nodule en  forme d’amande de plagioclase sur un fond rubané dehornblende,  de feldspath et de quartz.
 L’amande est  constituée d’un gros noyau monocristallin entouré d’une écorce formée d’une  mosaïque équante de grains polygonaux, à joints à 120°.
Dessin interprétatif.  |  
  Nota sur les « amphiboles  brunes »,mentionnées plus haut, à propos des  planches 12 et 13.
 Au fur et à mesure que la rétromorphose progresse, la fraction aegyrine ( NaFe(SiO3)2) de l’omphacite déstabilisée se sépare et réagit pour former des produits de réaction  ferrugineux, qui opacifient en partie la kéliphite. Certains auteurs ont  identifié, dans ces produits de réaction, ce qui est communément appelé « amphibole  brune » et qui paraît fortement colorée, en lame mince examinée en  lumière naturelle, avec pléochroïsme intense dans les bruns , brun rouge. Elle  fait partie des amphiboles sodocalciques :
Na Ca2 (Mg, Fe, Mn)5 ( Al1,5 Si6,5 O22 (OH)2) On la trouve surtout dans les  basaltes ( « amphibole basaltique » ) mais aussi dans les roches  ultrabasiques, d’après M.Roubault: « détermination des minéraux des  roches »…En conclusion, rappelons  le paradoxe de la présence de ces roches  reliques de haute pression, étrangères à priori au contexte général de la  région métamorphique du Bas-Limousin! Le paradoxe est levé en considérant que  ces corps de métaéclogites ne doivent pas être compris dans une logique  stratigraphique, mais comme des écailles d’un épisode précoce (  Ordovicien-Silurien),  reprises dans les  semelles tectoniques au cours du cycle hercynien. Elles en sont donc séparées  par des contacts anormaux : planche 23 bis.
        
          | Planche 23 bis(a): le biseau continental s’insère dans la  subduction à la suite de la croûte océanique.
 (b):le manteau lithosphérique  poursuit son mouvement de subduction. Les écailles du manteau continental  s’empilent les unes sur les autres. C’est le « sous-charriage ».
 © blocage de  l’enfouissement. Les unités les plus hautes dans la structure ont subi les  stades précoces d’enfouissement et une exhumation tectonique qui se  traduit par des réactions rétrogrades.
D’après Kornprobst, ouvrage cité. |  |    |