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Les cônes stromboliens
Sur cette zone de 15 km2 entre Agde et le Cap d’Agde, trois cônes stromboliens sont visibles. Certains auteurs semblent indiquer qu’il pourrait s’agir d’un seul et unique cône démantelé par l’érosion. Les observations de terrain actuelles (percement de la nationale RN112, carrière du Petit Pioc’h, carrières du mont Saint-Loup) semblent confirmer la présence de 3 appareils stromboliens distincts
• au nord-est, le mont Saint-Loup ;
• à l’ouest, le Petit Pioc'h ;
• au sud, le mont Saint-Martin.
1 - Le mont Saint-Loup
Au NE, le point culminant (113 mètres), le mont Saint-Loup, présente à son sommet des éléments caractéristiques d’une activité strombolienne : des bombes en fuseau. La taille métrique des bombes indique la présence proche du point d’émission, qui n’est plus visible dans le relief actuel.
Photo 8 et photo 9 - Bombes métriques en fuseau, sommet du mont Saint-Loup (Alain Guillon) |
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Des enclaves thermométamorphisées de l’encaissant sont présentes dans les bombes. Elles se répartissent en deux catégories selon leur origine : du granite et des grains centimétriques de quartz provenant du socle. De même, on trouve des enclaves de calcaire arraché à la couverture sédimentaire.
Photo 10 - Enclave thermométamorphisée de socle sédimentaire
dans les bombes métriques du sommet du mont Saint-Loup. (Alain Guillon).
De petites carrières de pouzzolane montrent des dépôts stromboliens lités, ainsi que des failles importantes de direction NE. Ces failles peuvent être liées, soit à la déstabilisation du volcan par un effondrement de l’un de ses flancs, soit à l’activité d’un des autres cônes.
Une ancienne carrière dans le flanc du volcan, maintenant transformée en stand de tir (photo 11), montre un faciès cœur de cône. La couleur rouge est due à l’oxydation du fer contenu dans les scories, en raison d’un contact prolongé dans l’environnement chaud de la cheminée d’alimentation. Ces dépôts présentent des figures liées aux éruptions successives (chenaux d’érosion mécanique avec remplissages scoriacés ultérieurs). Certaines zones sont plus indurées que d’autres. Plusieurs coulées basaltiques massives sont intercalées dans les dépôts stromboliens. Les derniers dépôts du sommet de la carrière sont homogènes, mais avec une granulométrie plus importante (blocs pluri-décimétriques). Ces dépôts sommitaux se mettent en place en oblitèrant les dépôts scoriacés inférieurs et comblent un chenal d’érosion d’environ 20 m de large.
Les nombreux litages dans les dépôts de scories, de granulométrie homogène, semblent montrer, sur plusieurs affleurements, une pulsation éruptive régulière du volcan. Intercalée entre chacun de ces dépôts, dont l’épaisseur moyenne est de 20 cm, une zone centimétrique de cendre grise est visible.
Photo 11 - Dépôts stromboliens faciès cœur de cône (carrière du «Stand de tir Agathois»),
avec alternances régulières de niveaux de cendres grises (Alain Guillon).
Vers le sommet, l’épaisseur des dépôts de scories rouges augmente, jusqu’à atteindre plusieurs mètres.
Cette variation des dépôts peut être liée à un changement dans l’activité du mont Saint-Loup, ou provenir d’une autre cheminée d’alimentation proche de la première.
Une étude systématique de ces dépôts permettrait de repérer les faciès cœur de cône et les différents pendages. On pourrait apprécier plus précisément la position de la ou des zones d’alimentation magmatique.
2- Le Petit Pioc’h
Ce cône strombolien, dont l’altitude initiale devait avoisiner les 80 m, fut comme le puy de Lemptégy (Auvergne), exploité comme carrière pour la pouzzolane, puis transformé en dépôt d’ordures.
Dans la décharge, la partie sud montre le reste d’un front de taille dans une coulée de basalte massif, on peut y observer une coupe qui montre un mélange de magma très riche en enclaves de l’encaissant, ainsi que des nodules d’olivines iddingsitisés.
Des fluidalités magmatiques sont aussi visibles (photo 12), soulignées par la différence de faciès entre les deux magmas (Guillon 2001). Une étude approfondie pourrait expliquer la coexistence d’un basalte massif sombre avec un autre plus clair vacuolaire.
Photo 12 - Fluidalités magmatiques dans le basalte de la coulée 1 du Petit Pioc’h (Alain Guillon).
Cet affleurement indiquerait un début de différenciation, avec présence d’une chambre magmatique, phénomène local, représentant l’exception parmi tous les volcans de l’Hérault dont la composition chimique est homogène.
La N112 coupe la base sud-ouest du cône. Sur la gauche de l’affleurement, on observe une succession de faciès avec, de la base au sommet, une zone blanche de «ponce» avec un granoclassement inverse.
Puis, en discordance, une zone avec quelques lambeaux de lave et des dépôts rouges scoriacés fins. Au-dessus, un dépôt rouge scoriacé à blocs décimétriques, faciès cœur de cône, passe progressivement à un faciès bas de cône, noir.
Photo 13 - Dépôts stromboliens à la base du Petit Pioc’h (Alain Guillon).
Une faille normale, de pendage N-NE, décale les dépôts sur une hauteur d’environ 30 cm.
Dans la partie est de cette même coupe, visible depuis le parking de la N112 (photo 14 et fig.8), on peut voir, depuis la base vers le sommet, des dépôts stromboliens, faciès cœur de cône, puis bas de cône. Sur cette coupe, on retrouve la coulée 1, présentant les fluidalités magmatiques observée au niveau de la décharge, ainsi que deux autres coulées.
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Photo 14 et Fig. 8 - N112 recoupant le Petit Pioc’h et interprétation des dépôts. Cet édifice volcanique a émis plusieurs coulées, le faciès passe de cœur de cône à bas de cône (Alain Guillon). |
La pente des dépôts vers le sud-ouest, et en particulier celle de la coulée basaltique, confirme que la zone d’alimentation magmatique de cet édifice était située au niveau du Petit Pioc’h.
Dans le contexte local, ce pendage est un élément supplémentaire pour infirmer l’hypothèse d’un volcan unique dont l’érosion ultérieure aurait laissé les trois reliefs volcaniques actuellement visibles dans le paysage.
Sur le parking de la N112, face à l’affleurement du Petit Pioc’h, on observe la continuité des coulées et des dépôts de scories en direction du SO. Dans plusieurs zones de cet affleurement, des fissures de dégazage avec des dépôts fumerolliens blancs indurés sont visibles.
Photo 15 - Conduits fumerolliens dans les dépôts stromboliens faciès cœur de cône
avec lambeaux de lave à surface palagonitisée du Petit Pioc’h, parking N112 (Alain Guillon).
Dans cette même zone, des lambeaux de lave, faciès cœur de cône, présentent la particularité d’avoir un encroûtement jaune de palagonite.
3 - Le mont Saint-Martin
Ce cône strombolien, de 55 m d’altitude, dépasse à peine du relief ; aucune carrière, ni affleurement, ne permet de se rendre compte de sa structure. Le sol scoriacé avec un faciès cœur de cône est la seule indication de l’origine volcanique de cette colline.
4 – Maar du mont Saint-Loup
La position des édifices stromboliens et la localisation des centres éruptifs du complexe du mont Saint-Loup pourrait indiquer la présence d’un maar, sur le pourtour duquel se seraient mis en place les différents volcans (fig. 9 et 10).
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Fig. 9 - Carte des édifices stromboliens du mont Saint-Loup, du Petit Pioc’h et du mont Saint-Martin avec le maar hypothétique. |
Fig. 10 - Coupe du maar avec les édifices stromboliens sur le pourtour des
ailles bordières. |
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